Le West Side Story est sans aucun doute l’un des meilleurs chefs-d’œuvre du théâtre américain. Créé à Broadway en 1957 par Arthur Laurents, Leonard Bernstein et Stephen Sondheim, il a connu un grand succès qui ne s’est jamais démenti depuis plus de six décennies.

Le West Side Story se déroule sur l’Upper West Side de Manhattan, où deux gangs rivaux, les Jets (américains) et les Sharks (puerto ricains), s’opposent violemment. Au cœur de l’intrigue, il y a une histoire d’amour impossible entre Maria, une jeune fille portoricaine, et Tony, un ancien membre des Jets.

Le West Side Story s’inscrit dans une tradition théâtrale bien particulière, celle de la comédie musicale. Si le genre semble aujourd’hui un peu désuet, il a marqué l’histoire du spectacle vivant aux États-Unis, et a produit certaines des plus grandes créations de l’art américain du XXe siècle.

Le West Side Story est en effet l’un des rares exemples de l’art de la comédie musicale à avoir pleinement réussi à combiner l’émotion, l’engagement social et l’invention musicale et chorégraphique. Si la partition de Bernstein est célèbre pour ses mélodies entraînantes, ses rythmes syncopés et ses arrangements sophistiqués, la mise en scène de Laurents est une leçon de tension dramatique et de rythme filmique.

Le West Side Story est aussi un exemple de la réussite d’une collaboration artistique à plusieurs mains. Bernstein, qui avait déjà composé la musique de l’opéra Candide et de la comédie musicale On the Town, était accompagné pour les paroles par le tout jeune Stephen Sondheim, qui allait devenir l’un des plus grands auteurs de la comédie musicale américaine. Quant à Laurents, il avait déjà signé plusieurs succès à Broadway, comme Gypsy ou La Cage aux Folles.

Le message politique du West Side Story est évident : derrière l’histoire d’amour, il y a une critique acerbe du racisme, de l’intolérance et de la violence urbaine. Laurents s’était en effet inspiré d’un fait divers survenu à New York en 1957, où un jeune portoricain avait poignardé un adolescent américain lors d’une bagarre de rue. Mais le West Side Story n’est pas une simple dénonciation, c’est aussi une réflexion sur la difficulté à vivre ensemble dans une société si diverse.

Le West Side Story a connu plusieurs adaptations cinématographiques, la plus célèbre étant celle réalisée par Robert Wise en 1961, avec Natalie Wood et Richard Beymer dans les rôles principaux. Mais le succès de la comédie musicale tient avant tout à la force de sa représentation sur scène, et à la magie de ses chansons.

Peut-être le West Side Story n’a-t-il pas totalement résisté à l’épreuve du temps : certaines scènes peuvent paraître aujourd’hui un peu caricaturales, certains dialogues un peu datés, et l’optimisme à peine voilé qui conclut la pièce paraît parfois un peu naïf à l’heure où l’Amérique est plus divisée que jamais. Mais la force de la musique, de la chorégraphie et de l’histoire font du West Side Story un spectacle d’une grande puissance émotionnelle et politique, qui mérite d’être vu et entendu au moins une fois dans sa vie.

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