« Sans un bruit » (« A Quiet Place » en version originale) est un thriller d’horreur américain réalisé par John Krasinski, sorti en 2018 et désormais disponible sur les plateformes de streaming. L’une de ses particularités est de présenter une ambiance presque entièrement muette, où la communication entre les personnages se fait en langage des signes. Cette esthétique originale ne fait pas que renforcer le stress des spectateurs face à l’horreur qui se déploie sous leurs yeux ; elle est également un moyen de rendre hommage aux personnes sourdes et malentendantes, trop souvent absentes des productions hollywoodiennes.
L’histoire se déroule dans un monde apocalyptique où de mystérieuses créatures assoiffées de sang ont envahi la Terre. Elles sont invincibles, sauf contre les personnes les plus silencieuses. La famille Abbott, composée de Lee (John Krasinski), Evelyn (Emily Blunt) et leurs enfants Marcus (Noah Jupe) et Regan (Millicent Simmonds), tente de survivre en se déplaçant le plus discrètement possible. Ils ont aménagé leur maison pour qu’elle soit la plus silencieuse possible, ils marchent pieds nus sur un chemin de sable, ils jouent avec des pièces de Monopoly en tissu et ils évitent les cris ou même les pleurs. Regan étant sourde, ils ont l’avantage de la communication en signes pour se comprendre et jouer en silence.
Évidemment, le suspense est omniprésent et les monstres ne tardent pas à pointer le bout de leur nez. Les rares scènes bruyantes comme la chute d’un objet ou un cri laissent place à des échanges de regards crispés et à une mise en scène qui exploite les moindres sons pour alerter le spectateur. Cette tension permanente fait de « Sans un bruit » une expérience intense et immersive, qui rappelle les plus grands films d’horreur.
Mais ce qui rend ce film particulièrement réussi, c’est sa mise en avant de la culture sourde et de l’accessibilité. Les deux acteurs qui interprètent les enfants, Noah Jupe et Millicent Simmonds, sont entendus dans la vie réelle, mais Millicent Simmonds, qui est malentendante depuis la naissance, a également apporté son expertise sur le langage des signes en faisant quelques modifications aux dialogues pour les rendre plus authentiques. Son personnage, Regan, est ingénieuse, courageuse et indépendante, et ne se contente pas d’être la victime éternelle dans un monde hostile.
Le réalisateur, John Krasinski, a également travaillé avec l’actrice sourde Leon Russom pour jouer le rôle de la vieille voisine, jouée par Russom. Krasinski a expliqué dans une interview pour Entertainment Weekly que « le film n’aurait jamais été possible sans des acteurs sourds », en particulier pour les scènes où Regan et son frère communiquent en signes, offrant ainsi une visibilité rare pour une culture souvent sous-représentée.
Le succès de « Sans un bruit » auprès du public, qui a rapporté plus de 341,2 millions de dollars dans le monde entier pour un budget de 17 millions, a également permis de mettre en évidence l’importance de la culture sourde dans le cinéma. Le film a même inspiré des initiatives pour faciliter l’accessibilité des salles de cinéma aux personnes sourdes et malentendantes, comme l’utilisation de lunettes de sous-titrage personnalisé ou de projections en langage des signes.
En conclusion, « Sans un bruit » est un must-see du cinéma d’horreur, mais pas seulement pour son concept original d’un film muet. Grâce à sa représentation de la culture sourde et de l’importance de l’accessibilité dans le cinéma, il apporte une nouvelle perspective sur le monde cinématographique et confirme que le succès d’un film ne se base pas seulement sur la rentabilité, mais sur sa capacité à toucher un public diversifié. Le film est une expérience sans pareille, qui prouve que le silence n’est pas synonyme d’inutilité, et que le cinéma muet peut encore créer un impact significatif.