Né en 1913 dans une famille italienne catholique, Roberto Busa a fréquenté l’université pontificale grégorienne de Rome et est devenu prêtre jésuite en 1936. Après avoir enseigné la philosophie en Italie pendant quelques années, Busa a été envoyé à l’université de Louvain en Belgique pour étudier la linguistique. Pendant son séjour à l’université de Louvain, Busa est tombé sur les travaux du mathématicien américain Vannevar Bush, qui avait développé une technique pour encoder des informations sur des cartes perforées.
Cette découverte a inspiré Busa, qui a vu dans cette technologie en pleine émergence l’opportunité de réaliser un grand rêve qu’il avait depuis longtemps : la numérisation des travaux de Saint Thomas d’Aquin. Saint Thomas d’Aquin était un théologien et philosophe du Moyen Âge, considéré comme l’un des penseurs les plus importants de l’Église catholique romaine.
Busa a rapidement commencé à travailler sur son projet de numérisation, qui consistait à encoder les œuvres de Saint Thomas d’Aquin sur des cartes perforées pour permettre aux ordinateurs de les lire et de les traiter. Cette entreprise ambitieuse a pris de nombreuses années, mais Busa a finalement réussi à numériser toutes les œuvres de Saint Thomas d’Aquin, ce qui en a fait l’une des premières œuvres complètes numérisées de l’histoire.
Le travail de Busa a également été important car il a ouvert la voie à un nouveau champ de recherche : la recherche textuelle assistée par ordinateur. La méthodologie qu’il a utilisée pour encoder les œuvres de Saint Thomas d’Aquin a permis aux chercheurs de traiter des textes en grand volume. Cette technique a également permis de réaliser des analyses plus poussées sur des extraits de textes, en permettant des comparaisons entre différentes versions ou des croisements avec d’autres travaux.
C’est ainsi que l’on a pu par exemple retrouver des tendances ou des schémas de pensée qui échappaient aux analyses antérieures ou qui demandaient une enquête laborieuse dans des documents papier
Le travail de Busa a également eu un impact sur l’Église catholique. En 1950, il a été nommé directeur du Centre de Documentation Catholique de Milan, qui avait pour mission de numériser tous les documents de l’Église. Busa a également joué un rôle dans la rédaction du document du Concile Vatican II, qui a modernisé l’Église catholique romaine à la fin des années 1950 et au début des années 1960.
Busa est décédé en 2011 à l’âge de 98 ans. Son travail a été salué par les experts en informatique et les érudits religieux du monde entier. Il a également été reconnu pour sa contribution à l’histoire de la numérisation et de la recherche informatique.
Le travail de Roberto Busa était révolutionnaire pour l’époque, et continue d’avoir un impact sur le monde moderne. Sa méthodologie a permis de numériser des textes qui étaient auparavant inaccessibles, ou qui auraient exigé de nombreuses années d’analyse. Busa a ouvert la voie à de nombreux chercheurs qui utilisent aujourd’hui des technologies informatiques pour étudier des textes littéraires, philosophiques ou religieux. Son travail est un exemple de la façon dont la technologie peut apporter des contributions significatives à la formation, la recherche et la culture au sens large.