Dès le premier titre, « Battery », le ton est donné : des guitares qui s’entrechoquent, une batterie martiale et des paroles teintées de références guerrières. Le message est clair : Metallica est de retour et ne compte pas faire dans la dentelle.
Le titre éponyme, « Master of Puppets », est un bijou de plus de huit minutes qui illustre parfaitement l’ambition du groupe. Le tempo est lent et millimétré, la voix d’Hetfield est incroyablement puissante, les riffs de Hammett sont hypnotiques et les solos de guitare sont à couper le souffle. Les paroles, quant à elles, décrivent le contrôle exercé par le capitalisme sur les individus, comme des marionnettes manipulées par des maîtres invisibles. La chanson est une ode à la rébellion, un appel à l’indépendance et à la prise de conscience.
Mais Master of Puppets, c’est aussi des morceaux plus accessibles comme « Welcome Home (Sanitarium) » ou « Disposable Heroes ». Le premier est une ballade heavy où Hetfield se met dans la peau d’un patient enfermé dans une institution psychiatrique. Le deuxième est une chanson à la structure plus classique, dotée d’un riff entraînant et de paroles qui dénoncent la guerre et la souffrance humaine.
Le tour de force de Metallica avec cet album, c’est d’être parvenu à marier la brutalité des guitares et de la batterie à des musiques plus mélodiques sans jamais se perdre dans des démonstrations gratuites de virtuosité. Tout est pensé et maîtrisé, chaque note a sa place.
Le seul bémol de l’album, c’est sa production. Bien qu’aucun fan de Metallica ne se risquerait à critiquer son idole, il est vrai que Master of Puppets souffre d’un son un peu trop étouffé. Mais cela n’a pas empêché les morceaux de devenir des tubes internationaux. « Master of Puppets », « Battery » et « Welcome Home (Sanitarium) » ont marqué toute une génération de fans de métal, qui ont vu dans le groupe une incarnation de leur propre rébellion contre le système.
Paradoxalement, si Master of Puppets est considéré comme l’apogée de la carrière de Metallica, il marque aussi le début de la fin. Deux ans après sa sortie, Cliff Burton, le bassiste et membre fondateur du groupe, est mort dans un accident de bus. Cette tragédie a bouleversé les membres restants, qui ont mis plusieurs années à se remettre de cette perte.
Malgré cette épreuve, Metallica a continué de produire des albums légendaires, mais Master of Puppets restera pour beaucoup le chef-d’œuvre absolu du groupe et un des albums les plus essentiels de l’histoire du thrash metal.