Le cas Vincent Lambert a été au centre d’un débat moral et juridique en France pendant plusieurs années. Ce patient quadriplégique en état végétatif depuis 2008 suite à un accident de la route était devenu le symbole de la confrontation entre des opinions divergentes sur la question de l’acharnement thérapeutique et le droit de mourir dans la dignité.
Tout commence en 2013, lorsque le Conseil d’État autorise l’arrêt des traitements de Vincent Lambert, contre l’avis de la famille Lambert. Cette décision est immédiatement rejetée par la Cour européenne des droits de l’homme, qui ordonne que la France maintienne l’alimentation et l’hydratation artificielles de Vincent Lambert, afin de le maintenir en vie.
Depuis lors, la famille Lambert est divisée sur la question de l’arrêt de ces traitements. D’un côté, les parents de Vincent Lambert et une partie de ses frères et sœurs souhaitent le maintenir en vie, affirmant qu’il est en état de conscience minimale et qu’il est donc nécessaire de le nourrir et de l’hydrater. De l’autre côté, son épouse Rachel Lambert-Guenot et d’autres membres de sa famille estiment que leur proche devrait être autorisé à mourir dans la dignité, en respectant ses souhaits exprimés avant son accident.
En effet, Vincent Lambert avait rédigé une directive anticipée en 2007, dans laquelle il indiquait qu’il ne souhaitait pas être maintenu en vie de manière artificielle en cas de perte d’autonomie et de dégradation irréversible de son état de santé. Cette directive n’a cependant pas de valeur juridique en France, où le droit de décider de la vie et de la mort d’un patient revient aux médecins et à la famille.
En 2019, après de multiples recours, la Cour européenne des droits de l’homme a validé la décision de la France de mettre fin aux traitements de Vincent Lambert, considérant qu’il s’agissait d’une décision conforme à la Convention européenne des droits de l’homme. Cependant, les parents de Vincent Lambert ont porté plainte devant le Comité international des droits des personnes handicapées de l’ONU, qui a demandé à la France de suspendre la décision d’arrêter les traitements.
Finalement, en juin 2019, le Conseil d’État a validé la décision d’arrêter les traitements de Vincent Lambert, en arguant qu’il était en état de conscience minimale depuis plusieurs années et que son état ne pouvait plus être considéré comme susceptible de s’améliorer. Cette décision a été saluée par les partisans du droit de mourir dans la dignité, qui y voient une avancée importante pour les droits des patients en fin de vie.
Cependant, cette affaire a également mis en lumière les difficultés des familles à prendre des décisions difficiles dans des situations médicales complexes et émotionnelles. Elle a soulevé des questions sur l’importance de prendre en compte les souhaits des patients en matière de fin de vie, ainsi que sur le rôle des médecins et de la société dans la gestion de ces situations.
Au-delà de la polémique engendrée par cette affaire, il est important de souligner que chaque cas de fin de vie est unique. Il est donc crucial de permettre aux patients et à leurs proches de prendre des décisions éclairées et éthiques en matière de traitement médical, en respectant leur dignité et leur liberté de choix. L’affaire Vincent Lambert a été un test pour le système médical français, mais aussi pour la société dans son ensemble, et a permis de souligner la nécessité de faire évoluer la pratique de la fin de vie en France.