Le film raconte l’histoire d’une actrice chinoise, incarnée par Maggie Cheung, qui vient tourner en France un remake du film muet Les Vampires. Elle rencontre alors une équipe de production plutôt désorganisée, mais aussi un réalisateur peu inspiré et un acteur principal peu engageant. Au fil des jours, elle doit donc s’adapter à ce contexte difficile et être à la hauteur des attentes de chacun.
Mais Irma Vep, ce n’est pas seulement une histoire basique de production de film. C’est aussi et surtout une réflexion sur le cinéma lui-même. Olivier Assayas utilise toutes les ressources à sa disposition pour nous plonger dans un univers en constante mutation et remise en question. Pas de surprise alors que le personnage d’Irma Vep soit un hommage au personnage créé par le réalisateur de cinéma muet Louis Feuillade dans Les Vampires. Avec ce choix, Assayas nous montre comment le septième art a su évoluer au fil des époques et des modes.
Le film nous fait également découvrir une Maggie Cheung éblouissante. Si l’actrice hongkongaise est pour beaucoup encore associée à ses rôles dans des films d’action ou romantiques, Irma Vep nous offre sa transformation en une actrice hors pair, capable de jouer le rôle d’une étrangère timide mais déterminée, confrontée à des difficultés de toutes sortes. C’est à travers elle que l’on découvre les coulisses d’un tournage, les caprices des acteurs, les erreurs de coordination…
Irma Vep est, enfin, centré sur un sujet qui a passionné beaucoup de cinéastes : le rapport entre les personnages et leurs histoires, et le passage du temps. Le réalisateur s’interroge sur le fait que les acteurs du film muet de Feuillade, tourné il y a près d’un siècle, existent encore aujourd’hui. Ces êtres vivants évoluent dans un monde qui ne ressemble plus à celui qu’ils ont connu autrefois. Ce film révèle la nostalgie et la mélancolie qui sont souvent associés à la fascination pour le cinéma.
À travers Irma Vep, Olivier Assayas nous invite donc à une réflexion sur le septième art. Le personnage d’Irma Vep, qui a traversé les époques pour devenir un symbole, est une métaphore idéale pour aborder l’histoire et l’évolution de cet art qui fascine tant et continue à évoluer sans cesse. Le long-métrage est essentiellement à voir pour les amateurs de cinéma, mais il peut aussi constituer un joli livre d’histoires pour ceux qui aiment les récits complexes, émouvants et originaux.
En somme, Irma Vep est un grand film, dont la justesse du ton, la beauté de l’interprétation et la clarté du message en font un classique du cinéma français qui atteint sans problème son objectif d’offrir une vision pertinente et profonde de l’art du septième art.