Le film commence par une première scène qui donne le ton : France est en Syrie, au cœur d’une zone de guerre, et elle capture des images bouleversantes de la violence et des atrocités perpétrées. On comprend vite que cette femme est passionnée, mais aussi très courageuse et déterminée. Elle ne recule devant rien pour obtenir les images qui raconteront l’histoire de ces zones de conflit, dénoncer les horreurs de la guerre, et, peut-être, contribuer à un changement.
Pourtant, France n’est pas une héroïne infaillible. Sous sa carapace de professionnelle imperturbable, on découvre petit à petit une femme fragile, épuisée par des années de guerre et des traumatismes qui semblent la hanter. Le film souligne également l’impact de son travail sur sa vie privée, notamment sur sa relation avec son fils, qui lui reproche souvent de ne pas être présente et de mettre en danger sa vie.
Mais France est avant tout un film sur notre rapport au journalisme et à la vérité. Au fil de ses reportages, France rencontre des personnages qui la confrontent à la complexité de la situation : des militants qui luttent pour un monde meilleur, des citoyens pris au piège de la guerre, mais aussi des militaires et des journalistes corrompus. Les questionnements sont nombreux et le réalisateur ne donne pas de réponse toute faite : jusqu’où peut-on aller pour rapporter la vérité ? Faut-il prendre des risques inconsidérés au nom du devoir de témoigner ? Le rôle des médias est-il de dénoncer les horreurs ou de rester neutre ?
La réalisation elle-même est très réussie. Bruno Dumont opte pour des plans longs, qui permettent à la fois de plonger le spectateur au cœur de l’action, mais aussi de laisser respirer les émotions des personnages. La photographie, qui mêle des plans aériens grandioses à la réalité crue des combats, est saisissante. Le choix de Léa Seydoux pour interpréter France est également une réussite : elle incarne parfaitement cette femme tourmentée et déterminée.
Enfin, le film brille également par son ambition esthétique. Si le propos est sombre, la musique et le montage réussissent à apporter une touche d’espoir tout en conservant une certaine gravité. La scène finale, par exemple, est très forte, tant sur le plan visuel que sur celui de l’émotion.
France est un film ambitieux, qui ne laisse pas indifférent. Bruno Dumont parvient à donner beaucoup de profondeur à son personnage principal, tout en abordant des questions complexes sur le rôle des médias et la nécessité de dénoncer les situations de guerre. Si le propos est sombre, le film est émaillé de touches d’humanité et de poésie, qui en font un long-métrage fort et réussi.