Le concept d’amok est apparu pour la première fois dans les écrits de voyageurs européens qui ont visité l’Asie en début du 19ème siècle. Le comportement des habitants dans les îles malaisiennes a intrigué ces voyageurs qui ont rapporté des récits de gens qui couraient en hurlant dans les rues en brandissant des couteaux, tuant quiconque se trouvait sur leur passage. Les habitants locaux l’appelaient « amok ».
Les causes profondes de ce phénomène sont multiples. Les anthropologues et les ethnologues ont identifié des facteurs tels que les traumatismes, la perte d’honneur, la déception amoureuse, les pressions sociales et économiques, l’alcool, la drogue ou encore le stress. Parmi les causes les plus fréquentes, on trouve l’honneur déchu, les conflits familiaux, les tensions entre régions, les pertes de statut social ainsi que les frustrations liées aux relations amoureuses.
Au-delà de ses causes, l’amok est aussi un phénomène complexe qui répond à des motifs culturels particuliers. Dans les cultures qui le pratiquent, l’amok est un comportement toléré, voire valorisé. Le fait que les individus souffrent de troubles mentaux n’est souvent pas considéré comme une explication suffisante pour comprendre l’acte. Au contraire, certains groupes expliquent ce comportement comme la manifestation d’une force divine ou surnaturelle.
L’amok est généralement associé aux hommes. Dans les cultures qui le pratiquent, les femmes ne sont pas considérées comme des candidats à l’amok. En revanche, les femmes peuvent provoquer l’amok chez les hommes, en particulier lorsqu’elles sont considérées responsables de l’effondrement de la situation morale ou sociale de ces derniers.
La pratique de l’amok a été largement documentée par les ethnologues. Les travaux d’Ernst Kreltz ont notamment montré que les communautés malaises pratiquaient souvent des rituels pour anticiper la survenue de l’amok et tenter de la prévenir. Cela consistait notamment à organiser des fêtes et des rassemblements qui avaient pour but de réduire le stress et les tensions.
Malgré cela, l’amok est resté un phénomène complexe et difficile à comprendre. De nombreux législateurs ont cherché à le comprendre à travers le prisme de la pathologie mentale, en proposant des traitements par la force et la coercition. Les solutions médicales, bien qu’utiles, ne suffisent pas à résoudre tous les cas d’amok, car elles ignorent les facteurs culturels et les contextes sociaux qui les entourent.
En somme, l’amok demeure un domaine de recherche profondément ancré dans la culture et l’histoire des pays d’Asie. Les théories médicales ont tenté de proposer des explications scientifiques, mais elles ne laissent pas suffisamment de place aux spécificités socioculturelles locales. Il est nécessaire de comprendre les liens entre les causes et les facteurs sociaux qui sous-tendent le comportement de l’individu, afin d’élaborer des solutions adaptées aux contextes. Dans cette perspective, une approche pluridisciplinaire incluant l’anthropologie et la sociologie est essentielle pour offrir de meilleures explications sur l’amok et ouvrir la voie à des approches plus respectueuses des cultures et des traditions.