Le film se divise en trois parties, qui correspondent à trois phases de la vie de l’héroïne, Ana. Dans la première partie, qui se déroule dans les années 60, Ana est une petite fille qui découvre les secrets de sa famille et les mystères de sa maison de vacances. La mise en scène est très stylisée, avec des gros plans sur les yeux, les boucles d’oreilles, les cheveux ou les rideaux, qui créent une atmosphère oppressante et onirique. Les couleurs sont vives et contrastées, les sons sont amplifiés, les plans sont désaxés. On ressent un fort sentiment de tension et d’angoisse, qui rappelle les films d’Alfred Hitchcock ou de Dario Argento.
Dans la deuxième partie, qui se déroule dans les années 70, Ana est une adolescente qui découvre son corps et sa sexualité. Elle est harcelée par un homme mystérieux dans un ascenseur, elle assiste à une séance de cinéma pornographique, elle fait l’amour pour la première fois avec un garçon. Cette partie est plus érotique et plus poétique que la précédente, mais elle reste très stylisée et très psychologique. Les plans rapprochés sur les mains, les lèvres, les seins ou les cheveux sont toujours présents, mais ils sont accompagnés de plans plus larges, qui montrent le corps d’Ana dans l’espace urbain. Les couleurs sont plus sombres et plus froides, les sons sont plus diffus et plus subtils. On ressent un mélange de séduction et de confusion, qui rappelle les films de David Lynch ou de Brian De Palma.
Dans la troisième partie, qui se déroule dans les années 80, Ana est une jeune femme qui affronte ses peurs et ses fantasmes. Elle visite une maison abandonnée, elle assiste à l’enterrement de sa grand-mère, elle est poursuivie par un homme en moto. Cette partie est plus violente et plus chaotique que les précédentes, mais elle reste très stylisée et très esthétique. Les plans sont plus fragmentés et plus rapides, les couleurs sont plus saturées et plus chaudes, les sons sont plus dissonants et plus agressifs. On ressent un fort sentiment de désir et de répulsion, qui rappelle les films de Quentin Tarantino ou de Gaspar Noé.
Au-delà de sa forme très innovante et très personnelle, Amer est un film qui parle de la condition féminine et de la représentation des femmes dans l’art. Ana est une héroïne ambivalente et complexe, qui oscille entre la soumission et la rébellion, entre la beauté et la laideur, entre la vie et la mort. Elle est à la fois victime et bourreau, objet et sujet, passive et active. Elle est le reflet de toutes les femmes, qui cherchent à se libérer de leur enfermement social et culturel. Amer est donc un film qui interroge l’identité et la sexualité, l’intime et le social, le réel et l’imaginaire. C’est un film qui exige une grande sensibilité visuelle et auditive, mais qui offre en retour une expérience inoubliable et très émouvante.